Club 41
Fort-de-France 193

Mieux le connaitre

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Vincent Placoly

 

 

 
   


Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE Vincent PlacolyFort-de-France, décembre 1991

 

Vincent Placoly est né le 21 janvier 1946 au Marin, en Martinique, de parents instituteurs. Après des études secondaires au Lycée Schoelcher, il fait une khâgne au Lycée Louis le Grand à Paris et des études supérieures à la Sorbonne.

Très tôt, avec son professeur de philosophie René Ménil, compagnon d'armes d'Aimé Césaire, il s'interroge sur « les formes, les structures, les styles du roman ». Selon eux, « le roman est la destinée de la Martinique et en première urgence, l'écriture doit apporter une esthétique du refus qui sait dire non à la banalité du sentiment et du langage pour bien asseoir la liberté et l'indépendance de la création littéraire ».

Dès ses premiers romans, La vie et la mort de Marcel Gonstran (1971) et L'eau de mort guildive (1973), l'écrivain se montre, selon Jack Corzani, l'un des rares écrivains, après Césaire, à avoir fait un apport vraiment nouveau à la littérature     antillaise.

Durant de nombreuses années, Vincent Placoly va partager sa vie entre l'écriture, l'enseignement et le militantisme (il a participé à la création, en 1971, du Groupe Révolution Socialiste qui se bat pour l'émancipation sociale et économique des Antilles).

Le théâtre lui semble la voie la plus évidente pour atteindre les consciences d'un peuple hanté par les affres de l'esclavage, une politique aliénante voulue par la puissance coloniale et à la recherche de son identité. Œuvres originales, La fin douloureuse et tragique d'André Aliker (1969), Dessalines ou la passion de l'indépendance (1983) et œuvres de la réécriture – Don Juan (1984) adapté de Molière et de Tirso de Molina, Mambo (1986) adapté d'Athol Fugard, ou encore Massacre au bord de la mer de Tartane (1989) adapté de Carlo Goldoni – sont autant de tentatives de montrer la « haine qui cloue les langues et déchire les cœurs », à inviter les hommes à vivre avec « courage, dignité et allégresse l'aventure humaine ».

Il faut relire Une journée torride (1991) pour comprendre son attachement à la terre américaine (et non états-unienne !), au processus de création réalisé par les Américains. Aux Amériques naît « une conscience de soi qui aboutit à la formulation esthétique d'un réel américain », en particulier chez Alejo Carpentier et Jacques-Stephen Alexis, qui conduit à réviser les notions européennes acquises. Grand défenseur de l'américanité, Vincent Placoly est en pleine rédaction d'un essai sur ce sujet quand il meurt le 6 janvier 1992 à Fort-de-France.

Œuvre ouverte qui donne à lire, par une écriture mesurée, toute la misère d'un peuple, matérielle et surtout psychologique, sans que jamais ce réalisme ne tombe dans un quelconque populisme et une quelconque facilité. En somme, elle donne à lire une politique de la subversion de la vie et de la société.

– Daniel Seguin-Cadiche